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29/07/2012

SOIREE POUR LES MOTS DE LA TERRE

En mars 2003, à Valros (Hérault), était organisée une séance dédicaces pour la présentation de deux livres, l'un de Jean Huillet, l'autre étant Mandorgues, de Christian Jougla.


"Soirée pour les mots de la terre"


Depuis les brumes de "Mandorgues", ce village légendaire qui, selon Christian Jougla, existe et n'existe pas, aux dures réalités de la viticulture qui, même romancées par Jean Huillet dans "Le Regard du cœur", sont toujours d'actualité, cette soirée s'est poursuivie jusqu'à une heure tardive, entre oreillettes et vin blanc.


Chacun a pu se sentir un moment héritier d'un temps révolu et confronté aux aléas d'un présent inquiétant : réduction du monde paysan, reconversion dans l'incertitude, l'inquiétude, depuis le village jusqu'à l'échelle planétaire. La discussion a été riche, animée par deux écrivains du terroir amoureux de leur pays." ("Midi Libre" - Mars 2003).

 

 

 

 

PRESSE : MANDORGUES A RADIO FRANCE, PARIS

"Radio France - La Radio du Livre", Paris :


"Une dédicace de l'auteur :



Au nord de l'Hérault, à l'ouest des Cévennes, l'on peut découvrir une contrée toute de forêts et de collines, de fermes moribondes, de hameaux abandonnés : l'arrière-pays de l'arrière-pays, avec ses chemins venus de nulle part, ses landes crépusculaires et Mandorgues, ce village qui existe et n'existe pas.


Mandorgues battu par tous les vents du malheur me fut conté autrefois, durant la nuit du solstice d'hiver. Sombre récit où, me semble-t-il, les démons et les magiciens jouèrent un bien grand rôle. Cependant, à l'heure où les acteurs et protagonistes de cette histoire, victimes d'une destinée implacable, s'effacent peu à peu de ma mémoire, quelquefois, lorsque le vent du Nord, le "tarral", hurle ses malédictions et transforme les cheminées en tuyaux d'orgue, je crois entendre le son assourdi d'un bourdon, d'une cloche géante et lointaine... si lointaine... Je sais alors que Mandorgues m'appelle et que les asphodèles, fleurs ultimes des terres désolées, reviendront chaque année en solennelle procession dans le Champ Noir. (Christian Jougla)."


(Dédicace du 23 octobre 2002).

 

 

 

REMERCIEMENTS A MARIANNE SCHUMACHER

Que Marianne Schumacher, artiste plasticienne, qui a conçu les illustrations de mes livres, soit remerciée pour toutes les attentions qu'elle a la gentillesse de réserver à ce blog et qu'elle sache combien j'apprécie son talent et sa précieuse collaboration à mes ouvrages.

 

Marianne Schumacher, illustration, livres, Christian Jougla, fantastique, gothique

 

QUELQUES AUTRES EXTRAITS DE L'ABIME

LES CHÊNES :


"Vers les onze heures, le rassemblement du plan, maintenant réduit, se déplaça sur la muraille. Le bourdonnement des tronçonneuses montait plus fort, plus aigu, parfois, semblait-il, accompagné d'un cri de souffrance, les branches maîtresses s'effondraient avec un bruit sourd de membres arrachés, des images d'anciens supplices, écartèlement, roue, os rompus, assaillaient les cerveaux. Un vent violent s'éleva brusquement, pareil à une clameur de haine, empli d'odeurs de forêts dévastées et de sacrilège. Ils partirent, selon la rituelle habitude, à midi sonné, navrés, simulant ne rien comprendre alors qu'ils savaient tout, marchant vers la gamelle en cortège d'enterrement. Marc se rappelle qu'il resta seul, figé par l'émotion, une douleur vive au creux de l'estomac, offrant au Gouffre dénaturé, aux chênes mutilés et bientôt abattus, un moment de silence, une première compassion." 



VISIONS :


"Il contemple le ciel. De grands éclairs silencieux, des nuages pareils à des montagnes se meuvent lentement, dômes et coupoles, tours du zénith, corniches au-delà du vertige se superposent vers les empires de l'éternité et de la nuit. Parfois un éclair plus puissant que les autres, sans doute le regard d'un dieu, laisse deviner en d'ultimes abîmes, dans le lointain des millénaires, des constellations inconnues et des chiffres maléfiques. Puis un Pierrot cherchant la lune se montre derrière les carreaux, il questionne du regard l'archéologue avant que deux grosses larmes semblables à des limaces ne coulent sur son masque de cire."

 

 

 

 

AUTRES EXTRAITS DE L'ABIME

LA MALADRERIE :


"Cette odeur persistante, méphitique, si tenace que toutes les bourrasques du monde ne peuvent la chasser... les siècles inlassablement nous transmettent cette puanteur, l'âme de la lèpre imprègne toujours ces lieux, elle perpétue l'horreur ancienne, l'effroi médiéval... Voyez-vous ces zones d'ombre malgré les éclairages modernes ? De terribles douleurs les hantent à jamais, les luminaires n'y peuvent rien. Observez comme les ténèbres s'épaississent par endroits. Les Basses-Fosses... Plus personne depuis belle lurette n'habite ce passage bâti de maisons tout en rez-de-chaussée, aux murs rongés par le salpêtre, des murs lépreux, le sol de terre battue avec d'éternelles flaques croupissantes, des ombres inquiétantes et des bourbiers aux endroits que ne touche jamais le soleil."


LES VÉTÉRANS :


"Les poilus, arme à l'épaule, trouvèrent rapidement le pas militaire, le miracle se produisait, ils se détachaient des curieux attirés par un fait divers sanglant, et avançaient en cadence, ailleurs, sur les grands boulevards de l'Histoire à la rencontre de leur périlleuse jeunesse. Dorgelès et Barbusse chantaient leurs hauts faits, les cuivres de la gloire couvraient les vaines conversations, ils marchaient altiers et plus de mille fois morts au Chemin des Dames, à la tranchée des baïonnettes. Ils marchaient avec des millions de fantômes ressuscités des terres de l'Est ou des frontières flamandes, visages d'antan, frères d'armes qu'ils pensaient oubliés à jamais mais cheminant tout à coup à leur côté. Saint-Vigelle, bouleversé par cette foulée "scandée", abandonna les premiers rangs, les gendarmes, tout ce que l'on voudra, pour se placer à la tête de ses vétérans. Seul un éclair dans les yeux, au-delà de toutes les péroraisons, accueillit la venue du chef reconnu par la troupe. Ils marchaient, ultime parade, en larmes, la tête emplie de leur légende. Ils marchaient, ils marchaient encore, ils marcheraient toujours aux accents de l'épopée, de l'émotion, des admirations futures, eux, les vainqueurs d'un peuple redouté des Romains, eux, les héros de la Grande Guerre, "la der des der". Ils marchaient et presque à l'unisson levaient la tête vers le ciel, répondant d'un sourire fraternel au salut des archanges."